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Les « Interviews imaginaires », des chroniques d’apparence purement littéraire, paraissent dans Le Figaro littéraire (alors replié en zone libre) de novembre 1941 à juin 1942. Ces articles représentent la solution de Gide au problème suivant : comment exprimer une pensée dissidente pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que l’occupant allemand et le régime de Vichy imposent une lourde censure ?
Ces chroniques reprennent la forme dialoguée des « Visites de l’interviewer » parues dans L’Ermitage en 1905 (reprises dans les Essais critiques). Cette structure s’avère utile sous la censure, car ce n’est pas toujours le personnage dénommé « Moi » qui exprime la pensée de Gide ; parfois c’est « Lui », l’interviewer, ou encore le dialogue entre les deux interlocuteurs, qui exprime la critique politique que Gide veut claire mais discrète.
En principe, les « Interviews imaginaires » traitent de la langue et de la littérature. Mais entre les lignes, Gide encourage les Français à rester indépendants, à résister à l’idéologie des Allemands et de Vichy. Ainsi, lorsqu’il s’agit du subjonctif, le mode de la « dépendance » et de la « subordination » grammaticales, l’interviewer signale la disparition du subjonctif en Angleterre. Et Gide de répondre : « Précisément ! L’indépendance… ». Il en va de même pour une discussion sur le genre littéraire. Affirmant que le genre romanesque s’épanouit dans les sociétés où l’individualisme fleurit, Gide affirme que la Russie et, surtout, l’Angleterre, excellent dans ce genre.
Mais la grande trouvaille des « Interviews » est une sorte de « code » littéraire qui permet à Gide d’esquisser discrètement, à travers des allusions littéraires, une critique de l’occupant et du régime de Vichy. Les conflits antérieurs permettant de parler de l’actualité à mots couverts, Gide évoque souvent des écrivains ayant connu des crises historiques. Ainsi, lorsque le personnage « Moi » mentionne une lettre conciliante qu’Ernest Renan adresse au théologien allemand David Friedrich Strauss au début de la guerre franco-prussienne, l’interviewer (« Lui ») lui rappelle l’existence d’une deuxième lettre à Strauss. Or, dans cette deuxième lettre, Renan critique sévèrement la politique allemande d’annexion. Gide opère ici par allusion et par ventriloquie : il s’abstient de citer la lettre, censure oblige, et se sert de l’interviewer comme porte-parole pour mettre les lecteurs sur la piste du message qu’il veut transmettre.
Signalons encore l’exemple de Tacite, témoin du règne tyrannique de l’empereur romain Domitien. Gide reproduit une phrase bien actuelle de sa Vie d’Agricola, « Nous aurions perdu la mémoire même avec la parole, s’il nous était aussi possible d’oublier que de nous taire », en ajoutant qu’il n’est pas libre de citer d’autres passages fort pertinents de l'oeuvre antique. Gide, qui voit certaines de ses œuvres proscrites sous l’Occupation nazie, pense sans doute aux passages sur les livres brûlés et les intellectuels exilés sous Domitien. Parfois, le seul titre d’un ouvrage sert à communiquer une critique politique. Lorsque Gide loue « L’expiation » de Victor Hugo, un poème qui s’ouvre sur la défaite de l’armée napoléonienne dans la Russie enneigée — et ce, une semaine après la suspension de la campagne de Russie par l’Allemagne —, la défaite de Napoléon évoque celle d’Hitler, vaincu lui aussi par l’hiver russe.
Gide parvient-il à se faire comprendre lorsqu’il encourage l’opposition dans ses « Interviews imaginaires » ? Sans aucun doute. D’abord, certains passages n’ont pas échappé à la censure : le nom des intellectuels juifs Heinrich Heine et Albert Einstein est censuré, et deux extraits tirés de l’Introduction au Théâtre de Goethe — passages où Gide esquisse, une fois de plus, une comparaison entre Napoléon et Hitler — sont supprimés en raison de leur allusion « fort transparente et peu orthodoxe » à l’actualité (Cahiers de la Petite dame n° 3, p. 291). Tout comme les censeurs, les lecteurs du Figaro ont compris les « messages codés » de Gide. En 1944, dans un compte-rendu des « Interviews » publiées en volume, Émile Henriot rappelle combien, sous l’Occupation, les essais du Figaro étaient « audacieux ». Il admire la « dissidence dans l’incidente » des « Interviews », et affirme que les lecteurs savaient gré à Gide « de narguer ainsi la censure » (Émile Henriot, « Le dernier Gide », Le Monde, 27 décembre 1944).
Bibliographie raisonnée
Éditions
Attendu que…, Alger, Éditions Charlot, 1943.
Interviews imaginaires, Yverdon et Lausanne, Éditions du Haut-Pays, 1943.
Interviews imaginaires, Paris, Gallimard, 1943.
Interviews imaginaires. La délivrance de Tunis ; pages de Journal, mai 1943, New York, Panthéon Books, 1943.
Interviews imaginaires, in Essais critiques, édition de Pierre Masson, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1999 (texte p. 316-396).
Études critiques
Cowley Malcolm, « Introduction », in André Gide, Imaginary Interviews, Malcolm Cowley trad., New York, Alfred A. Knopf, 1944, p. vii-xvii.
Basset Guy, « Gide édité par Charlot. », Bulletin des Amis d'André Gide, n° 169, janvier 2011, p. 65-70.
Masson Pierre, « Interviews imaginaires », in Dictionnaire Gide, éd. Pierre Masson & Jean-Michel Wittmann, Paris, Classiques Garnier, coll. Dictionnaires et Synthèses n° 1, 2011, p. 197-198.
Van Tuyl Jocelyn André Gide et la Seconde Guerre mondiale : L’Occupation d’un homme de lettres, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2017 (et tout particulièrement les pages 107-145 et 221-222).
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Bompaire François, « Lire et écrire sans Paul ? L'ironie gidienne à l'épreuve du Nouveau Testament. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°179/180, juillet-octobre 2012, p. 19-36.
Drummond Dennis, « L'indice ironique chez Gide. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°56, octobre 1982, p. 505-509.
Tolton C. D. E., « Le mot-thème "attente" et l'ironie gidienne », Bulletin des Amis d'André Gide, n°53, janvier 1982, p. 39-49.
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Commençons par résumer Isabelle (1911) : le premier narrateur – celui du récit-cadre – évoque une excursion qu’il fit, en août 18.., au château de la Quartfourche, en compagnie de Francis Jammes et de Gérard Lacase. Ce récit enchâssant, cependant, n’est que l’occasion de mettre le lecteur sur la piste de l’activité critique qu’il devra exercer s’il veut saisir l’enjeu du récit – à savoir la dénonciation de « l’illusion pathétique » (c’est là le sous-titre auquel Gide songeait pour Isabelle). C’est le récit de Gérard Lacase qui occupera tout le livre ou presque : mais, auparavant, il faut que Lacase indique à ses futurs auditeurs (ou plutôt, il faut que Gide indique à ses lecteurs) que l’histoire qu’il va conter est celle de la déconvenue d’un homme à l’imagination par trop portée au romanesque.
Gérard Lacase, donc, raconte un séjour qu’il fit à la Quartfourche afin de consulter des documents qui devaient l’aider à terminer sa thèse sur « la chronologie des sermons de Bossuet » (coll. Bibliothèque de la Pléiade, p. 919). Mais les papiers que lui fournit le bon M. Floche, qui l’accueille à la Quartfourche, l’intéressent bien moins qu’un portrait dont il tombe amoureux : c’est celui d’Isabelle, nièce des Floche, fille des Saint-Auréol (les propriétaires désargentés du château), et mère du petit boiteux Casimir. Isabelle l’insaisissable, Isabelle la répudiée, Isabelle la mère sans époux réapparaît de temps à autre, nocturnement, quand elle manque d’argent. Il n’en faut pas plus pour que l’imagination de Gérard Lacase s’enflamme à la suite de son cœur. Il prend le parti de l’aventureuse, de l’exclue… avant de la rencontrer et de la découvrir pour ce qu’elle est : une créature bassement sensuelle et trivialement sensible, qui a fait assassiner son amant et qui n’éprouve aucune affection pour son fils.
Isabelle est donc le récit d’une déception… et c’est un récit qui déçut plus d’un lecteur. Le personnage principal n’en est pas la médiocre créature éponyme, mais bien Gérard Lacase – ou peut-être l’Isabelle romanesque-romantique qui naît dans et de l’imagination de Lacase. Isabelle, donc, annonce le thème du faux qui s’imposera dans Les Caves du Vatican (1914), avec la figure du pape imposteur, ou plutôt du faux pape imposteur, puis, bien sûr, dans Les Faux-Monnayeurs (1925). Mais le récit lui-même est trompeur : faux récit d’enquête, il dérouta certains lecteurs, à qui l’histoire semblait promettre plus de rebondissements, plus de mystère(s), plus d’aventures aussi.
Gide, de son côté, jugeait son livre abouti. C’est pourtant, parmi ses œuvres narratives, celle qui s’est le moins impérieusement imposée à lui : Isabelle fut pour lui un exercice plutôt qu’une œuvre nécessaire. Il porta néanmoins longtemps le récit en lui. Dès 1889, il confie à son Journal vouloir donner un récit où il s’inspirerait des familles Floquet et Saint-Alban, qui possèdent le château de Formentin, près de La Roque. Il parle alors d’écrire une sorte de nouvelle « à la Tourgueniev » (Journal, t. I, 19 mars 1889) ; et dès 1893, il rédige, dans une lettre à Henri de Régnier, une première ébauche d’Isabelle – ébauche où il « pastiche » le style de celui à qui il écrit (David H. Walker, notice, p. 1448).
Mais ce n’est là qu’un premier jet ; et ce n’est que plus de quinze ans plus tard que Gide reprendra sérieusement ce projet. Après avoir mis le point final à La Porte étroite à l’automne 1908, il décide de s’atteler à la rédaction d’un livre qui lui tient à cœur, et dont il juge que le moment est venu de le mener à bien : Corydon. Mais Marcel Drouin ne se montre guère enthousiaste – et c’est sous l’influence de son beau-frère que Gide revient à ce qui deviendra Isabelle. Il en entame (ou en reprend, si l’on considère la lettre de 1893 comme un premier état du récit) la rédaction en 1910, tout en poursuivant celle de Corydon : les deux livres seront d’ailleurs achevés d’imprimer à une semaine d’intervalle. Isabelle paraît d’abord dans La NRF de janvier, février et mars 1911. Le récit est ensuite publié aux Éditions de La NRF : il est dédié à André Ruyters à partir du tirage marqué « 4e édition » (David H. Walker, notice, p. 1460).
Signalons pour finir que Jean-Paul Roux a fait d’Isabelle un téléfilm, diffusé en 1970 sur la deuxième chaîne de l’ORTF.
Bibliographie raisonnée
Éditions
Isabelle, édition de David H. Walker, in Romans et récits. Œuvres lyriques et dramatiques, vol. I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2009 (texte p. 913-992, notice p. 1447‑1459).
André Gide, Pierre Herbart. Le Scénario d’Isabelle, édition de Cameron D. E. Tolton (éd).,Paris, Minard, 1996.
Dossier de presse
Le dossier de presse d’Isabelle est partiellement disponible sur gidiana.
On pourra également consulter les numéros 35 (juillet 1977, p. 50‑56), 39 (juillet 1978, p. 75‑79), 42 (avril 1979, p. 89‑90), 46 (avril 1980, p. 229‑235), 47 (juillet 1980, p. 412‑415), 62 (avril 1984, p. 289) et 176 (octobre 2012, p. 401‑408) du Bulletin des Amis d'André Gide.
Études critiques
« Isabelle à la télévision », Bulletin des Amis d'André Gide, n° 7, avril 1970, p. 10.
« Isabelle, “réussite” ignorée », numéro spécial du Bulletin des Amis d'André Gide, n°s 86-87, avril-juillet 1990.
Armsby Leslie Garnett, « Analyse sémiotique d’un récit d’André Gide : Isabelle », thèse de doctorat, University of Virginia, 1983.
Biriouk Sylvie Marie, « Les fonctions de l’image dans les récits d’André Gide : L’Immoraliste, La Porte étroite, Isabelle, La Symphonie pastorale », mémoire de maîtrise, Université Paris-Est Créteil Val de Marne, 1984.
Cancalon Elaine D., « Isabelle : œuvre de transition », Australian Journal of French Studies, volume 24, n° 2, mai-août 1987, p. 193-204.
Doucette Clarice Marie, « Inside the Flickering Flame : Suspense in Wilkie Collin’s The Woman in White, Gide’s Isabelle, and Robbe-Grillet’s Le Voyeur », thèse de doctorat, Washington University, 1991.
Haffter Pierre, Isabelle de Saint-Auréol. An Examination of André Gide’s Isabelle and Francis Jammes’ « Élégie quatrième » in Le Deuil des primevères and their Relation to the Life of I. de Saint-Auréol, Pretoria, Mededelings van die Universiteit van Suid-Afrika, 1961.
Horn Pierre L., « Isabelle : a Detective Novel by André Gide », Romance Notes, volume 18, n° 1, automne 1977, p. 54‑61.
Lacour Jean-Michel, « Le thème de la mort dans trois romans d’André Gide : La Porte étroite, Isabelle, La Symphonie pastorale », mémoire de maîtrise, Université de Dijon, 1991.
Lefebvre Jean, Isabelle von André Gide : oder die Überwindung des verräumlichten Lebens, Essen, Die Blaue Eule, 1987.
Menin Marco, « André Gide : passione e illusione in Isabelle »
Nobécourt René‑Gustave, « À la recherche d’Isabelle », Les Nourritures normandes d’André Gide, Paris, Éditions Médicis, 1949, p. 120‑181.
Pénault Pierre-Jean, À propos d’Isabelle, Blainville-sur-Mer, L’Amitié par le Livre, 1964.
Rohner Ruth, « Le problème du végétal dans La Porte étroite et dans Isabelle d’André Gide », mémoire de licence, Université de Zürich, 1984.
Sheridan Alan, « The “New” Gide and the Founding of the NRF : Isabelle and Les Caves du Vatican (October 1908‑August 1914) », André Gide : a Life in the Present, Cambridge, Harvard University Press, 1999, p. 233‑279.
Svane Brynja, « L’histoire d’Isabelle. Les techniques de narration d’André Gide », dans Jørgen Moestrup et Gerhard Boysen (éds.), Études de linguistique et de littérature dédiées à Morten Nöjgaard, Odense, Odense University, 1999, p. 569-586.
Tilby Michael, « Gide et le désordre du récit : fiction et botanique dans Isabelle », Bulletin des Amis d'André Gide, n°s 131-132, juillet-octobre 2001, p. 523‑549.
Tolton Cameron D. E., « A Lost Screenplay Unearthed : André Gide’s Isabelle », The Modern Language Review, volume 88, n° 1, janvier 1993, p. 84‑90.
Voegele Augustin, « Isabelle d’André Gide : histoire d’un accident maquillé en meurtre », Intercripol.org, 2019.
Von Stackelberg Jürgen, « Aufbruch und Wiederkehr : Zur Stellung von Isabelle im Werk André Gides », Archiv für das Studium der Neueren Sprachen und Literaturen, volume 248, n° 1, 2011, p. 136-142.
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La publication de L’Immoraliste, en mai 1902, constitue un moment capital dans la carrière de Gide. L’édition courante, sortie en novembre, comportera une préface dont le ton confirme le statut de l’auteur, de plus en plus magistral, dans le monde des lettres.
Au cours de la rédaction, Gide parlera du texte comme d’un « roman », mais finira par lui donner l’étiquette de « récit », terme qui signale pour lui une narration à la première personne. En fait L’Immoraliste, écrit entre les lignes des Nourritures terrestres, a une portée ironique comme les autres récits gidiens, car à travers les paroles du narrateur Michel, et à son insu, se dessine la critique du point de vue qu’il voudrait imposer.
Le récit de Michel est enchâssé dans un récit cadre constitué par une lettre dont l’auteur est venu en Algérie avec d’autres amis en réponse à l’appel de Michel. Adressée « À Monsieur D.R., président du conseil », cette lettre présente le protagoniste comme un individu doué d’une intelligence et de forces pour lesquelles il faut trouver un emploi. C’est dire que Michel représente un défi pour la société : son histoire illustre les possibilités qui sont dans l’homme, mais pose la question de savoir si ces possibilités opèrent pour le bien – ou pour le mal. Michel, pour sa part, déclare que sa valeur consiste en une « espèce d’entêtement dans le pire ».
À l’origine, Michel semble un homme des plus conventionnels. Érudit qui se consacre avec ferveur à l’étude de l’histoire ancienne, il se marie avec Marceline et part avec elle en voyage de noces. Arrivé en Afrique du Nord, Michel tombe malade et craint de mourir ; il vit sa convalescence comme une nouvelle naissance qui lui permet de redécouvrir la vie et de reconnaître en lui des impulsions dont il n’avait pas soupçonné l’existence. Il se sent attiré par les jeunes garçons arabes qui l’accompagnent au cours de ses promenades autour de l’oasis : d’abord c’est le spectacle de leur santé qui l’enchante, mais quelque chose de plus ténébreux se fait sentir lorsqu’il voit le jeune Moktir dérober une paire de ciseaux – acte qui remplit Michel d’une sorte de joie, à sa grande surprise.
De retour en Normandie où il doit reprendre sa vie d’érudit et de gentleman-farmer, Michel s’efforce en vain de s’intéresser à ce qui le passionnait auparavant, se sentant à présent attiré dans l’étude de l’histoire par ce qu’il y a de primitif, de « fruste » dans les civilisations anciennes. Il en va de même pour ceux qui travaillent sur ses terres : il préfère fréquenter les paysans les plus brutaux et les plus débauchés. Car Michel en est venu à subodorer en lui un être qui ne correspond plus à l’homme civilisé qu’il s’était cru être. Dès lors, il se met à la recherche de ce « vieil homme » qu’il évoque comme le texte originel d’un palimpseste que l’écriture ultérieure de la culture et de la civilisation aurait occulté. Entre temps, sa femme Marceline, enceinte, fait une fausse couche, et cet avenir domestique auquel il avait pensé pouvoir s’accrocher s’évapore, pour laisser Michel sombrer dans l’abîme d’impulsions qui osent à peine s’avouer. Tombé sous l’influence de Ménalque, aventurier qui se targue du scandale qu’inspirent ses mœurs, Michel abandonne son existence bourgeoise et fuit Paris pour regagner cette Afrique où il croit pouvoir retrouver son « nouvel être ». Il entraîne sa femme malade dans une course frénétique à travers l’Europe qui aboutit à la mort de Marceline ; et c’est à l’oasis que ses amis le retrouvent, apparemment à bout de forces, mais capable de jeter le trouble dans son auditoire par le récit de ses mésaventures.
Bibliographie raisonnée
Éditions
Reisen Thomas, L’Immoraliste d’André Gide : édition génétique et critique, thèse de doctorat, Université de Caen, 3 tomes, 2001.
L’Immoraliste, édition de Pierre Masson, in Romans et récits. Œuvres lyriques et dramatiques, vol. I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2009 (texte p. 589-691, notice p. 1368‑1389).
Dossier de presse
Léon Blum, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 22, avril 1974, p. 11-20.
Anonyme, Gian Petro Lucini, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 24, octobre 1974, p. 47-65.
Hesse Hermann, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 40, octobre 1978.
Paul Felix Greve, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 41, janvier 1979, p. 81-82.
Etudes critiques
Baazaoui Zayer, « Orientalisme et homosexualité dans l'Immoraliste. », Bulletin des Amis d’André Gide, n°197/198, printemps 2018, p. 133-146.
Brée Germaine, André Gide, l’insaisissable Protée, Paris, Les Belles Lettres, 1970.
Cazentre Thomas, « La légende cachée. Lecture et intertextualité virgilienne dans L'Immoraliste. », Bulletin des Amis d'André Gide, no 139, juillet 2003, p.311-332.
Dority Hippolytus et Ouellet Réal, « Les images de la nature dans L’Immoraliste », Études littéraires, Volume 2, n° 3, décembre 1969, p. 213-234.
Dufief-Sanchez Véronique, « L'Immoraliste ou l'exaltation de l'inculture. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°162, avril 2009, p. 175-192.
Dufief-Sanchez Véronique, « Le rôle des personnages dans la construction de la philosophie gidienne. L'exemple de L'Immoraliste. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°163, juillet 2009, p. 353-368.
Jayed Abdelkhaleq, « Le voyage gidien, échec ou réussite ? », Bulletin des Amis d’André Gide, n°138, avril 2003, p. 183-188.
Johnson Michael, « Écrire la maladie. Une lecture de L'Immoraliste », Bulletin des Amis d'André Gide, n°131-132, juillet-octobre 2001.
Lionnet Jean, « Lecteur de L'Immoraliste et de La Porte étroite. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°133, janvier 2002, p. 31-32.
Maillet Henri, L’Immoraliste d’André Gide, Paris, Hachette, 1972.
Oliver Andrew, Michel, Job, Pierre, Paul : intertextualité de la lecture dans L’Immoraliste, Paris, Archives des Lettres modernes, Archives André Gide, n° 4, 1979.
Reisen Thomas, « Citations, allusions et références dans L'Immoraliste. », Bulletin des Amis d’André Gide, n°140, octobre 2003, p. 467-484.
Reisen Thomas, « L'Immoraliste à travers la correspondance d'André Gide en 1902. », Bulletin des Amis d'André Gide, n° 142, avril 2004, p.233-240.
Sonnenfeld Albert, « Problématique de la lecture dans L’Immoraliste et La Porte étroite », La Revue des Lettres modernes, n°s 547-553, 1979, p. 107-128.