La musique, pour Gide, est un objet complexe : à la fois sœur et concurrente de la littérature, elle lui est un laboratoire et une échappatoire, une discipline et un reposoir. Il voue aux œuvres musicales une affection presque sensuelle qui ne l’empêche pas d’en savourer, parfois, la rigueur et l’abstraction. Gide aime Chopin – le Chopin le moins spéculatif – autant que L’Art de la fugue. Il demande à la musique de lui apprendre à construire un texte (c’est du moins ce que fait Édouard dans Les Faux-monnayeurs) – mais il lui demande aussi, d’abord peut-être, de lui enseigner une manière de clairvoyance immédiate, et plus encore, un art de vivre. Car, quoiqu’il défende une esthétique musicale classique dont il se sert comme d’un garde-fou, André Gide se laisse surtout initier par la musique au désir.
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TABLE DES MATIERES
André Walter : écrire en musique
L'irréel et le terrestre : du Narcisse aux Nourritures,
La musique de l’écart : de Philoctète à Saül
Musique et foi : de La Porte étroite à La Symphonie pastorale
Consonance et Œdipe homosexuel dans Les Faux-monnayeurs :
Confessions musicales dans Si le grain ne meurt
Silences de Chopin
« L’insondable dans la clarté ». Conclusion
Gide possède une culture latine vaste et plurielle, qui ne saurait se résumer à la connaissance scolaire des grands auteurs de la littérature latine, ni à la pratique, certes patiente et récurrente, de la version et du thème. Ce rapport personnel aux auteurs latins et à la langue latine, cultivé toute sa vie durant (certains poètes comme Virgile l’accompagneront jusqu’à son lit de mort), se manifeste dans son œuvre de plusieurs manières : citations, allusions, reprises de motifs ou de personnages (Ménalque, Tityre, Corydon, etc.) témoignent du statut multiple de la culture latine, entre « principe créateur" de l’œuvre, marqueur culturel voire identitaire, et instrument de pensée, à fonction ludique, satirique ou éthique. Ce sont ces différents enjeux dont rend compte cet ouvrage collectif.
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CONTENU DE L'OUVRAGE
ENJEUX IDÉOLOGIQUES DE LA LATINITÉ CHEZ GIDE
Pierre Masson : Gide ou l’Antiquité sans les idoles
Jean-Michel Wittmann : De l’utilité des « cousins germains». Gide, les Latins et les Barbares
Martina Della Casa : Gide et la saveur de la culture latine
GIDE FACE À LA LANGUE ET À L’ESTHÉTIQUE LATINES
Stéphanie Bertrand : André Gide et la langue latine. Modèle de style, modèle culturel ?
Enrico Guerini : «Joie de me sentir très latin». Questions de poétique gidienne
Marie-Françoise André : Gide ou la spiritualisation du monde par le latin .
LA CULTURE LATINE GIDIENNE RELUE
Patrick Pollard : Gide, reflets d’histoire romaine
Carmen Saggiomo : La présence de Virgile dans l’œuvre de Gide
Frank Lestringant : Numquid et tu…? L’Évangile latin d’un protestant
Alain Goulet : Gide traducteur de Lucrèce
Paola Codazzi : «Il n’y a culture que dans une continuation ». André Gide et l’héritage latin
Les travaux réunis dans ce volume, qui constituent les actes d'un colloque organisé à l'université de Wroclaw (Pologne) en avril 2017, proposent de nouvelles pistes d'interprétation de l’œuvre gidienne, font état de son statut dans la réflexion universitaire, élucident sa présence dans d’autres œuvres et univers littéraires et révèlent l’actualité de son engagement citoyen.
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SOMMAIRE
Joanna Jakubowska et Regina Solová Avant-propos
Peter Schnyder Introduction. Vitalité de la critique gidienne : regards sur la critique gidienne, d’un anniversaire à l’autre (1969-2019)
Première partie À LA REDÉCOUVERTE DE L’ŒUVRE GIDIENNE
Frédéric Canovas «La marche de notre vie». Symbolique de la libération dans les premiers récits gidiens
Walter Geerts Aveuglement et lucidité. Le tournant d’Isabelle (1911)
Jean-Michel Wittmann Une éthique cynique? La « falsification des valeurs» dans l’œuvre gidienne
Deuxième partie ANDRÉ GIDE COMME SOURCE D’INSPIRATION
Stanisław Bereś André Gide comme enjeu. Querelle des Anciens et des Modernes, à Varsovie, en 1942
Paola Codazzi «Mais Gide l’avait dit avant lui». Les Carnets de la drôle de guerre de Jean-Paul Sartre (1939-1940)
Adam Jarosz Le savoir sexuel proscrit et la boue. Les visions de l’écriture gidienne dans Franz et François de François Weyergans
Tomasz Kaczmarek La Pologne dans Les Caves du Vatican, ou Jan Klata relecteur d’André Gide
Pierre Masson Permanence de Gide dans les romans d’aujourd’hui
Troisième partie ANDRÉ GIDE LECTEUR
Patrick Bergeron Morand et Gide. Une détestation admirative
Elena Chashchina Les Possédés de Dostoïevski. L’interprétation par André Gide et par Viatcheslav Ivanov
Quatrième partie ANDRÉ GIDE ET L’ENGAGEMENT
Ophélie Colomb André Gide, écrivain juré d’assises, censeur de la justice pénale de son temps
Michela Gardini La justice racontée. Portrait d’André Gide en homme de droit
Vincent Jaffeux André Gide en Afrique du Nord. Une figure tutélaire fragilisée par le contexte de guerre (1942-1945)
Maja Vukušić Zorica André Gide et la justice. Les Souvenirs de la cour d’assises
André Gide était loin de se douter, ce 5 octobre 1920, vers quels horizons l’entraînerait sa rencontre avec Marcel de Coppet (1881-1968), haut fonctionnaire de l’administration coloniale. De projets de voyages communs en discussions littéraires, de confidences intimes en questionnements politiques, leurs liens se tissent et se renforcent au fil des courriers échangés, ponctués par les retrouvailles et les nombreuses interventions de celui qui a suscité leur rencontre : Roger Martin du Gard. Mais le grand sujet qui réunit Coppet et Gide, c’est la question coloniale. Le premier tente d’imposer une vision juste et humaine de la présence française en Afrique. Le second, scandalisé par ce qu’il découvre, se lance dans la dénonciation des abus individuels ou institutionnels, apportant ainsi un soutien sans faille à son ami.
Pierre Masson, André Gide et Marcel Proust. À la recherche de l'amitié, Presses Universitaires de Lyon, 2020.
Le 21 novembre 1912, le manuscrit de Marcel Proust, alors connu sous le nom du Temps perdu, est rejeté par La Nouvelle Revue française. Cette décision, dont André Gide endossera la responsabilité, est à l’origine d’une solide réputation d’inimitié entre les deux hommes.
Mais limiter à cette anecdote la relation entre les deux écrivains, c’est méconnaître tout ce que leur correspondance nous enseigne : « Le refus de ce livre restera la plus grave erreur de la N.R.F., et [...] l’un des regrets, des remords, les plus cuisants de ma vie. » Cet aveu de Gide, dans un courrier adressé à Proust plus d’un an après le rejet de son manuscrit, inaugure un dialogue qui se poursuivra jusqu’à la mort de ce dernier. Un dialogue complexe, parfois marqué par des désaccords profonds. Car si leur culte de l’art et leur désir d’affirmer leur sexualité auraient pu les rapprocher, leur vision de la littérature était opposée, et le trop explicite Proust allait devenir suspect aux yeux de Gide, à l’engagement plus raisonné.
C’est l’histoire de cet échange, tantôt passionné, tantôt distant, que Pierre Masson, l’un des plus grands spécialistes d’André Gide, reconstitue dans cet ouvrage.
Pierre Masson, professeur émérite de l’Université de Nantes, est président de l’Association des amis d’André Gide. Outre diverses études, il a édité ou dirigé les quatre derniers volumes des oeuvres de Gide dans la Bibliothèque de la Pléiade, et a publié une dizaine de ses correspondances, dont plusieurs volumes aux Presses universitaires de Lyon.
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François Bompaire, docteur en langue et littérature françaises (Sorbonne Université, 2018), a publié aux éditions Garnier, dans la collection "Bibliothèque gidienne", Définir l’ironie en France entre 1800 et 1950. Construction théorique et mémoire gidienne.
Cet ouvrage, tiré en partie de sa thèse de doctorat, offre une définition communicationnelle et générale de l’ironie. Elle est testée sur l’œuvre fictionnelle de Gide. Si le terme « ironie » évoque surtout, au dix-neuvième siècle en France, l’idée d’une dérision de l’idéal, les fictions gidiennes reprennent et déplacent cette définition.
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Grâce à une généreuse donation de Jean Claude, la bibliothèque du Centre d'études gidiennes s'est récemment enrichie
* d'un nombre conséquent de correspondances gidiennes (Gide-Larbaud, Gide-Blanche, Gide-Giono...),
* d'études d'oeuvres gidiennes (analyse du Journal par Daniel Moutote ; des Caves du Vatican par Alain Goulet...),
* d'études plus globales (André Gide et l'écriture de soi, édité par Pierre Masson et Jean Claude ; André Gide et l'Allemagne de Claude Foucart...),
* de biographies (André Gide par lui-même de Claude Martin ; André Gide le messager de Pierre Lepape...),
* d'éditions anciennes des oeuvres de Gide...
et de bien d'autres références encore, que vous pourrez retrouver dans la version actualisée du catalogue de cette bibliothèque.
Pour venir consulter ces ouvrages, il vous suffit de contacter Jean-Michel Wittmann, directeur du Centre d'Etudes gidiennes.
Édition de Nicolas Drouin
Nul lecteur du « Journal » d’André Gide n’ignore le nom de Marcel Drouin (1871-1943) : il y est souvent cité avec ferveur et y apparaît comme l’un des plus anciens et intimes amis de l’auteur des « Nourritures terrestres », avec Pierre Louÿs et Léon Blum, et avant même Paul Valéry, leurs amis communs. L’ampleur de leur correspondance et les enjeux intellectuels, artistiques, politiques et moraux – et bien sûr individuels – que ces quelque six cents lettres véhiculent témoignent de ce lien privilégié ; elles confirment la qualité du dialogue entretenu par les deux hommes et gagnent rapidement l’admiration du lecteur. Gide a été aussitôt fasciné par les capacités intellectuelles de son ami normalien, futur professeur comme le fut son père, à qui d’abord tout réussit (major à Normale Sup, major à l’agrégation) et au contact duquel il se sent exalté et comme sublimé, aussi différent soit-il de lui-même. Drouin, d’origine lorraine et d’un milieu modeste, est aussi le seul philosophe du groupe des « pères fondateurs » de « La NRF » où sa culture très diversifiée, sa connaissance de la culture allemande et la sûreté de son jugement vont faire autorité. Aux côtés et par l’intermédiaire de son ami et bientôt beau-frère André Gide – dont il va épouser en 1897 la cousine germaine Jeanne Rondeaux, sœur de sa propre femme Madeleine –, Marcel Drouin va devenir l’un des critiques littéraires importants de « La Revue blanche », de « L’Ermitage », puis de « La NRF » à ses débuts. Avec Gide, il échange alors de nombreuses lettres où s’affinent les stratégies éditoriales et s’expriment des jugements multiples qui permettent d’imaginer la richesse des très nombreux entretiens qu’ils ont ensemble, à chaque période de vacances à Cuverville, où s’élaborent des œuvres travaillées ou corrigées en commun. Ainsi ces lettres nombreuses qui témoignent d’une amitié durable, malgré des hauts et des bas inévitables, sont traversées de questions hautement sensibles : la relation de l’écrivain à la réalité, l’Affaire Dreyfus et l’antisémitisme, la liberté de mœurs et l’aveu d’homosexualité, la position des intellectuels face aux totalitarismes… Elles fourmillent d’innombrables détails passionnants sur l’évolution, les activités littéraires complémentaires et les contemporains des deux correspondants. Elles offrent également des vues émouvantes et souvent tendres sur la vie au jour le jour d’une famille singulière et chérie, dont Gide a dit à plusieurs reprises qu’elle n’était nullement visée par le fameux : « Familles je vous hais ! » Cette correspondance attendue, l’une des plus importantes de Gide, est enfin publiée, après des décennies d’attente. Elle donne l’occasion de découvrir à la fois la réalité de la relation d’André Gide avec une personnalité exceptionnelle appartenant au tout premier cercle de ses amis et révèle nombre d’aspects inattendus qui enrichissent la connaissance de l’auteur de « L’Immoraliste », dans sa vocation comme dans ses choix.
André Gide, Correspondance 1888-1951, édition de Pierre Masson, collection "folio" n° 6719, parution : 7-11-2019.
André Gide a écrit, au cours de sa vie, des milliers de lettres adressées à plus de deux mille correspondants. Peu avant sa mort, il a déclaré : «Je faisais métier de mon amitié. C’est un métier fatigant qui requiert des soins assidus. Je m’y usais. J’écrivais peu à chacun, mais j’écrivais à beaucoup.» Par ses lettres, Gide rassemble autour de lui la diversité de l’humaine condition, dont il s’efforce de tirer le meilleur. De Pierre Louÿs à Camus, en passant par Aragon, Breton, Giono, Léon Blum, Rilke, Colette, Proust ou Cocteau, cette correspondance est le reflet idéal de plus de soixante ans d’histoire littéraire.
A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Gide, l’Institut français de Naples « Le Grenoble » a accueilli jeudi 20 juin la présentation du volume A Naples, Reconnaissance à l’Italie (traduction et essai critique de Carmen Saggiomo, avec une préface de Pierre Masson, Roma, AdHoc Cultura Edizioni). Ce texte est la transcription de la dernière conférence publique du Prix Nobel, tenue à l'Institut français de Naples, le 24 juin 1950, et se présente comme un hommage passionné à la ville de Parthenope et à la bien aimée Italie.
A cette occasion, l'artiste Carla Castaldo présentera au public sa dernière œuvre, dédiée à André Gide : Reconnaissance à André Gide.
Cette présentation sera également l'occasion pour l’Institut français de célébrer ses 100 ans à Naples.
Gide chez Charlot (Pierre Masson), Charles Gide et André, l'oncle et le neveu (Frank Lestringant), Gide et le mythe grec (Patrick Pollard), et bien d'autres encore... la Bibliothèque du CEG vient d'accueillir plusieurs nouveaux ouvrages !
Akio Yoshii, professeur de littérature française à l'Université du Kyushu (Fukuoka, Japon) vient de publier en japonais un ouvrage consacré à André Gide et son temps :
Jiddo to sono Jidai [Gide et son temps], Fukuoka, Kyushu Daigaku Shuppankai [Presses Universitaires du Kyushu], 2019.
1 vol. relié (sous jaquette), 21,5 x 15,5 cm, 674 pp. (parution 12 janvier 2019).
ISBN : 978-4-7985-0249-6.
Prix : 9.000 Yens (plus TVA 8 %).
Ce volume, le dixième de la Bibliothèque gidienne chez Garnier, rassemble les actes du colloque international de Mulhouse des 16-18 mars 2016, rassemblés et publiés par Martina Della Casa.
Patrick Pollard, grand spécialiste de l'Antiquité chez Gide (notamment), publie aux éditions Classiques Garnier, dans la collection "Bibliothèque gidienne", un ouvrage consacré aux liens de Gide avec le mythe grec :
Présentation de l'éditeur :
Cette étude, accompagnée de textes qui sont édités avec variantes et notes (Considérations sur la mythologie grecque, Un esprit non prévenu, et des brouillons inédits), présente les connaissances d’André Gide en matière de mythologie et la façon dont il interprète la fable grecque pour le monde moderne.
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Plusieurs notices viennent d'être publiées dans le dictionnaire en ligne :
Amyntas (par Diana Lefter)
L'Art Bitraire (par Augustin Voegele)
Bethsabé (par Augustin Voegele)
Les Cahiers d'André Walter (par Pierre Masson)
Les Interviews imaginaires (par Jocelyn Van Tuyl)
Oedipe (par Clara Debard)
L'Oroscope (par Augustin Voegele)
Prétextes et Nouveaux prétextes (par Augustin Voegele)
Le Treizième Arbre (par Augustin Voegele)
Bonne lecture !
Frank Lestringant a publié aux éditions Lucie, sous le titre Charles Gide et André, l'oncle et le neveu, un petit ouvrage consacré à la relation entre l'économiste et l'écrivain. Il est possible de le commander directement sur le site de l'éditeur, en cliquant sur ce lien.
Pas de contraste plus flagrant que celui qui oppose Charles à André Gide. L’oncle Charles est un protestant rigoriste, un « coopératiste » de la première heure et un moraliste intransigeant ; le neveu rue dans les brancards et se moque littéralement du monde. C’est de surcroît un libertin qui défie la morale et bafoue par son comportement les liens sacrés de la famille. En vérité, par- delà leur opposition, un certain nombre de traits les rapproche. L’un et l’autre sont dreyfusards, et, plus tard, ils se rendent de gaîté de cœur en U.R.S.S., le premier, dès 1923, pour reconnaître dans les soviets des sociétés de coopérateurs ; le second, treize ans plus tard, à l’été 1936, à l’heure des purges de Staline. Tous deux, malgré leurs divergences radicales, finiront par se comprendre. Professeur émérite à la Sorbonne, Frank Lestringant a publié une quarantaine de livres consacrés notamment à la littérature des voyages de la Renaissance vers le Nouveau Monde, du Brésil à la Floride et au Canada. Il s’est intéressé à la cosmographie et aussi à l’arrière-plan théologique de la controverse géographique à la Renaissance. Il a par ailleurs consacré une biographie à Alfred de Musset.