Un Centre dédié à la recherche sur André Gide

Le Centre d’Études Gidiennes a vocation à coordonner l'activité scientifique autour de Gide, diffuser les informations relatives aux manifestations gidiennes et à rendre visibles et accessibles les études qui lui sont consacrées.
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Stephanie Bertrand Jean-Michel Wittmann
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Vous trouverez en bas de cette page plusieurs ressources critiques en ligne sur cette oeuvre. Elles figurent en couleur.

 

   La publication de L’Immoraliste, en mai 1902, constitue un moment capital dans la carrière de Gide. L’édition courante, sortie en novembre, comportera une préface dont le ton confirme le statut de l’auteur, de plus en plus magistral, dans le monde des lettres.

    Au cours de la rédaction, Gide parlera du texte comme d’un « roman », mais finira par lui donner l’étiquette de « récit », terme qui signale pour lui une narration à la première personne. En fait L’Immoraliste, écrit entre les lignes des Nourritures terrestres, a une portée ironique comme les autres récits gidiens, car à travers les paroles du narrateur Michel, et à son insu, se dessine la critique du point de vue qu’il voudrait imposer.

    Le récit de Michel est enchâssé dans un récit cadre constitué par une lettre dont l’auteur est venu en Algérie avec d’autres amis en réponse à l’appel de Michel. Adressée « À Monsieur D.R., président du conseil », cette lettre présente le protagoniste comme un individu doué d’une intelligence et de forces pour lesquelles il faut trouver un emploi. C’est dire que Michel représente un défi pour la société : son histoire illustre les possibilités qui sont dans l’homme, mais pose la question de savoir si ces possibilités opèrent pour le bien – ou pour le mal.  Michel, pour sa part, déclare que sa valeur consiste en une « espèce d’entêtement dans le pire ».

    À l’origine, Michel semble un homme des plus conventionnels. Érudit qui se consacre avec ferveur à l’étude de l’histoire ancienne, il se marie avec Marceline et part avec elle en voyage de noces. Arrivé en Afrique du Nord, Michel tombe malade et craint de mourir ; il vit sa convalescence comme une nouvelle naissance qui lui permet de redécouvrir la vie et de reconnaître en lui des impulsions dont il n’avait pas soupçonné l’existence. Il se sent attiré par les jeunes garçons arabes qui l’accompagnent au cours de ses promenades autour de l’oasis : d’abord c’est le spectacle de leur santé qui l’enchante, mais quelque chose de plus ténébreux se fait sentir lorsqu’il voit le jeune Moktir dérober une paire de ciseaux – acte qui remplit Michel d’une sorte de joie, à sa grande surprise.

    De retour en Normandie où il doit reprendre sa vie d’érudit et de gentleman-farmer, Michel s’efforce en vain de s’intéresser à ce qui le passionnait auparavant, se sentant à présent attiré dans l’étude de l’histoire par ce qu’il y a de primitif, de « fruste » dans les civilisations anciennes. Il en va de même pour ceux qui travaillent sur ses terres : il préfère fréquenter les paysans les plus brutaux et les plus débauchés. Car Michel en est venu à subodorer en lui un être qui ne correspond plus à l’homme civilisé qu’il s’était cru être. Dès lors, il se met à la recherche de ce « vieil homme » qu’il évoque comme le texte originel d’un palimpseste que l’écriture ultérieure de la culture et de la civilisation aurait occulté. Entre temps, sa femme Marceline, enceinte, fait une fausse couche, et cet avenir domestique auquel il avait pensé pouvoir s’accrocher s’évapore, pour laisser Michel sombrer dans l’abîme d’impulsions qui osent à peine s’avouer. Tombé sous l’influence de Ménalque, aventurier qui se targue du scandale qu’inspirent ses mœurs, Michel abandonne son existence bourgeoise et fuit Paris pour regagner cette Afrique où il croit pouvoir retrouver son « nouvel être ». Il entraîne sa femme malade dans une course frénétique à travers l’Europe qui aboutit à la mort de Marceline ; et c’est à l’oasis que ses amis le retrouvent, apparemment à bout de forces, mais capable de jeter le trouble dans son auditoire par le récit de ses mésaventures.

David H. Walker

Bibliographie raisonnée

Éditions

Reisen Thomas, L’Immoraliste d’André Gide : édition génétique et critique, thèse de doctorat, Université de Caen, 3 tomes, 2001.

L’Immoraliste, édition de Pierre Masson, in Romans et récits. Œuvres lyriques et dramatiques, vol. I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2009 (texte p. 589-691, notice p. 1368‑1389).

Dossier de presse

Rachilde, Lucie Delarue-Mardrus, Michel Arnauld, Robert Scheffer, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 19, juillet 1973, p. 11-35.

Georges Rency, A. M. de Saint-Hubert, Henri Ghéon, Edmond Jaloux, Francis Vielé-Griffin, Lucien Jean, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 20, octobre 1973, p. 10-32.

Jacques Copeau, Edmond Picard, Anonyme, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 21, janvier 1974, p. 37-49. 

Léon Blum, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 22, avril 1974, p. 11-20.

Anonyme, Gian Petro Lucini, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 24, octobre 1974, p. 47-65.

Hesse Hermann, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 40, octobre 1978.

Paul Felix Greve, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 41, janvier 1979, p. 81-82.

Etudes critiques

Baazaoui Zayer, « Orientalisme et homosexualité dans l'Immoraliste. », Bulletin des Amis d’André Gide, n°197/198, printemps 2018, p. 133-146.

Brée Germaine, André Gide, l’insaisissable Protée, Paris, Les Belles Lettres, 1970.

Cazentre Thomas, « La légende cachée. Lecture et intertextualité virgilienne dans L'Immoraliste. », Bulletin des Amis d'André Gide,  no 139, juillet 2003, p.311-332.

Dority Hippolytus et Ouellet Réal, « Les images de la nature dans L’Immoraliste », Études littéraires, Volume 2, n° 3, décembre 1969, p. 213-234.

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Rivalin-Padiou Sidonie, « Le motif du sang dans L'Immoraliste. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°113, janvier 1997, p. 7-16.

Sonnenfeld Albert, « Problématique de la lecture dans L’Immoraliste et La Porte étroite », La Revue des Lettres modernes, s 547-553, 1979, p. 107-128.

Spacagna Antoine, « Ordre, durée et fréquence dans L'Immoraliste », Bulletin des Amis d'André Gide, n°68, octobre 1985, p. 17-24.

Wittmann Jean-Michel, « Responsabilité de l’écrivain et légitimité de l’écriture dans L’Immoraliste », Les Lettres romanes, tome LI, n° 1-2, 1997, p. 75-83.

Le site du CEG a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide. Il a été réalisé en partenariat avec Martine Sagaert, responsable du site originel andre-gide.fr, créé en 2006 avec des étudiant.e.s de l'I.U.T. des Métiers du Livre de Bordeaux.