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La publication de L’Immoraliste, en mai 1902, constitue un moment capital dans la carrière de Gide. L’édition courante, sortie en novembre, comportera une préface dont le ton confirme le statut de l’auteur, de plus en plus magistral, dans le monde des lettres.
Au cours de la rédaction, Gide parlera du texte comme d’un « roman », mais finira par lui donner l’étiquette de « récit », terme qui signale pour lui une narration à la première personne. En fait L’Immoraliste, écrit entre les lignes des Nourritures terrestres, a une portée ironique comme les autres récits gidiens, car à travers les paroles du narrateur Michel, et à son insu, se dessine la critique du point de vue qu’il voudrait imposer.
Le récit de Michel est enchâssé dans un récit cadre constitué par une lettre dont l’auteur est venu en Algérie avec d’autres amis en réponse à l’appel de Michel. Adressée « À Monsieur D.R., président du conseil », cette lettre présente le protagoniste comme un individu doué d’une intelligence et de forces pour lesquelles il faut trouver un emploi. C’est dire que Michel représente un défi pour la société : son histoire illustre les possibilités qui sont dans l’homme, mais pose la question de savoir si ces possibilités opèrent pour le bien – ou pour le mal. Michel, pour sa part, déclare que sa valeur consiste en une « espèce d’entêtement dans le pire ».
À l’origine, Michel semble un homme des plus conventionnels. Érudit qui se consacre avec ferveur à l’étude de l’histoire ancienne, il se marie avec Marceline et part avec elle en voyage de noces. Arrivé en Afrique du Nord, Michel tombe malade et craint de mourir ; il vit sa convalescence comme une nouvelle naissance qui lui permet de redécouvrir la vie et de reconnaître en lui des impulsions dont il n’avait pas soupçonné l’existence. Il se sent attiré par les jeunes garçons arabes qui l’accompagnent au cours de ses promenades autour de l’oasis : d’abord c’est le spectacle de leur santé qui l’enchante, mais quelque chose de plus ténébreux se fait sentir lorsqu’il voit le jeune Moktir dérober une paire de ciseaux – acte qui remplit Michel d’une sorte de joie, à sa grande surprise.
De retour en Normandie où il doit reprendre sa vie d’érudit et de gentleman-farmer, Michel s’efforce en vain de s’intéresser à ce qui le passionnait auparavant, se sentant à présent attiré dans l’étude de l’histoire par ce qu’il y a de primitif, de « fruste » dans les civilisations anciennes. Il en va de même pour ceux qui travaillent sur ses terres : il préfère fréquenter les paysans les plus brutaux et les plus débauchés. Car Michel en est venu à subodorer en lui un être qui ne correspond plus à l’homme civilisé qu’il s’était cru être. Dès lors, il se met à la recherche de ce « vieil homme » qu’il évoque comme le texte originel d’un palimpseste que l’écriture ultérieure de la culture et de la civilisation aurait occulté. Entre temps, sa femme Marceline, enceinte, fait une fausse couche, et cet avenir domestique auquel il avait pensé pouvoir s’accrocher s’évapore, pour laisser Michel sombrer dans l’abîme d’impulsions qui osent à peine s’avouer. Tombé sous l’influence de Ménalque, aventurier qui se targue du scandale qu’inspirent ses mœurs, Michel abandonne son existence bourgeoise et fuit Paris pour regagner cette Afrique où il croit pouvoir retrouver son « nouvel être ». Il entraîne sa femme malade dans une course frénétique à travers l’Europe qui aboutit à la mort de Marceline ; et c’est à l’oasis que ses amis le retrouvent, apparemment à bout de forces, mais capable de jeter le trouble dans son auditoire par le récit de ses mésaventures.
Bibliographie raisonnée
Éditions
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Dossier de presse
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Etudes critiques
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