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Stephanie Bertrand Jean-Michel Wittmann
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Vous trouverez en bas de cette page plusieurs ressources critiques en ligne sur cette oeuvre. Elles figurent en couleur.

 

    Fruit d’une longue réflexion, mais écrit en quelques semaines seulement, Thésée est la dernière œuvre gidienne publiée du vivant de l'auteur. Cette brève fiction de Gide, publiée en 1946 dans « Les Cahiers de la Pléiade » puis, la même année, chez Gallimard, présente le récit rétrospectif et circulaire de la vie du héros mythologique Thésée ; elle apparaît aussi comme une sorte de testament littéraire de l'auteur.

    Le récit rétrospectif retrace les moments importants de l’existence du héros : la rivalité avec son père Égée et « l’oubli fatal » qui a causé sa mort, l’aventure crétoise, les amours – Antiope, mère d’Hippolyte ; la délaissée Ariane, fille de Minos, qui l’a sauvé du Labyrinthe ; la demi incestueuse et cruelle Phèdre, qui a fait tuer son héritier Hippolyte – enfin, la rencontre finale avec Œdipe, l’errant et vaincu roi de Thèbes. À un premier niveau de lecture, les 12 chapitres du roman présentent ainsi la vie de Thésée : une vie pleine d’exploits, d’aventures amoureuses, d’échecs, dont la mort du fils Hippolyte, mais une vie couronnée par un grand achèvement : la fondation de la cité d’Athènes.

     Pourtant, l’histoire de la vie de Thésée, racontée à la première personne par un personnage-narrateur forcément subjectif, que Gide n'a guère rendu soucieux d'exactitude vis-à-vis de la vérité mythique, apparaît aussi comme l’allégorie de la vie du créateur que Gide a(urait) souhaité être. En effet, les mots prononcés par Thésée après la fondation d’Athènes et l’heureuse rencontre avec Œdipe – « j’ai fait ma ville », « j’ai fait mon œuvre, j’ai vécu » – correspondent à l’état de sérénité de Gide lui-même pendant les dernières années de sa vie. Ce Gide sage, serein et confiant dans le futur de l’humanité, ayant trouvé, comme Thésée, dans le travail de création sa raison de vivre, fait précisément siennes, dans le film Avec André Gide réalisé par Marc Allégret (1952), les paroles du héros mythique.   

    Récit de la maturité tardive, ultime œuvre anthume de Gide, Thésée porte au premier plan deux de ses plus chers concepts : celui de héros et celui de bâtard. Dans l’exploitation qu’il fait du mythe de Thésée, Gide conserve une part importante du symbolisme classique de ce mythe. Pourtant, les modifications apportées à la version traditionnelle, qui amènent Gide à ne s’arrêter que sur certains épisodes, à en déformer d’autres ou à en ajouter de nouveaux, esquissent une lecture singulière du mythe. Plus précisément, Gide fait du mythe de Thésée un mythe de la découverte du moi. Pour Gide, Thésée n’est pas tant un héros courageux qui triomphe de ses ennemis, que l'homme qui a rassemblé la cité d’Athènes, le créateur de l’état. Certes, Gide exploite dans une égale mesure le côté bâtard de Thésée, pour marquer le besoin d’insoumission et de liberté propre à tout individu désireux de trouver son identité. Thésée est ainsi le mythe que Gide choisit pour exprimer sa sagesse finale : le parachèvement du moi se trouve dans la création que l’on lègue aux autres.

Diana Lefter

Bibliographie raisonnée

Dossier de presse

Kemp Robert, Parrot Louis, Rousseaux André, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 27, juillet 1975, p. 25-40.

Lalou René, Laporte René, Moremans Victor, Caillois Roger, O'Brien Justin, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 29, janvier 1976, p. 29-42. 

Magny Claude-Edmonde, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 30, avril 1976, p. 49-62.

Kanters Robert, Hoog Armand, Schmidt Albert-Marie, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 31, juillet 1976, p. 48-56.

Nyssen Hubert, Kanters Robert, Amrouche Jean, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 32, octobre 1976, p. 51-58.

Guérin Raymond, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 33, janvier 1977.

Béguin Albert, Picon Gaëtan, Bulletin des Amis d'André Gide, n° 34, avril 1977.

Travaux critiques

Abs Robert, « Le texte de Thésée », Bulletin des Amis d'André Gide, n° 74-75, avril-juillet 1986, p.11-23.

Annequin Alexandra, « Les Caricatures de femmes dans Thésée d’André Gide », Travaux et recherches de L’U.M.L.V., n° 8, Littératures, Roman nouveau, Nouveau Roman, Université de Marne-la-Vallée, octobre 2003.

Dhérin, Céline et Martin, Claude, Pour l'histoire du Thésée d'André Gide, Publications de l'AAAG, 2012.

Durosay Daniel, « Thésée roi. Essai sur le discours politique dans le Thésée de Gide », Bulletin des Amis d’André Gide, volume XXIII, n° 106, avril 1995, p.200-221.

Lachasse Pierre, « Thésée, le labyrinthe du récit », Bulletin des Amis d’André Gide, volume XXIII, n° 106, avril 1995, p.222-243.

Lefter Diana-Adriana, Du mythe au moi. Le mythe de Narcisse et de Thésée chez André Gide, Bucuresti, Editura Universitatii din Bucuresti, 2007.

Masson Pierre, « Thésée entre deux cinquantenaires », Bulletin des Amis d’André Gide, volume XXIII, n° 106, avril 1995, p.197-199.

Renauld Pierre, « Gide, Plutarque et la légende de Thésée », Bulletin des Amis d’André Gide, volume XXIII, n° 106, avril 1995, p.245-267.

Steel David, « Thésée à Cambridge, 1918 », Bulletin des Amis d'André Gide, n°78-79, avril-juillet 1988, p25-40.

 

 

Le site du CEG a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide. Il a été réalisé en partenariat avec Martine Sagaert, responsable du site originel andre-gide.fr, créé en 2006 avec des étudiant.e.s de l'I.U.T. des Métiers du Livre de Bordeaux.