Un Centre dédié à la recherche sur André Gide

Le Centre d’Études Gidiennes a vocation à coordonner l'activité scientifique autour de Gide, diffuser les informations relatives aux manifestations gidiennes et à rendre visibles et accessibles les études qui lui sont consacrées.
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Stephanie Bertrand Jean-Michel Wittmann
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Vous trouverez en bas de cette page plusieurs ressources critiques en ligne sur cette oeuvre. Elles figurent en couleur.

 

Quand Gide le rencontre au banquet Moréas (2 février 1891), Henri de Régnier, de cinq ans son aîné, est déjà le familier de Mallarmé, dont il est le disciple le plus proche, et de Heredia, dont il épousera la seconde fille. En avril 1890, adoubé par un article élogieux de Jean Lorrain, il s’impose comme le porte-flambeau de la jeune poésie en publiant, après quatre recueils à la prosodie régulière, les Poèmes anciens et romanesques, dont les vers libres et le paysage état d’âme expriment l’idéalisme et le mal être de sa génération. Héraut du Symbolisme, il fonde avec Francis Vielé-Griffin les Entretiens politiques et littéraires et codirige avec Albert Mockel La Wallonie. Gide se lie très vite avec le « poète des fabuleuses attitudes et des chimériques conquêtes » et lui adresse aussitôt Les Cahiers d’André Walter, « ce motif d’enthousiasme et de mélancolie », dont il rend compte dans La Wallonie (mars-avril 1891). En retour Gide lui dédie la première partie du Voyage d’Urien publiée dans la même revue (mai-juin 1892). Leur relation, loin d’être fondée sur le seul commerce intellectuel, s’avère fusionnelle. Ils multiplient les rencontres, entretiennent une correspondance assidue et, « pèlerins des rivages », voyagent ensemble en Bretagne (août-septembre 1892). Régnier juge Gide « un curieux génie, plein de préoccupations bizarres mais fort agréable à fréquenter, docte à la fois et enthousiaste et nourri des meilleures esthétiques », mais il se montre parfois réservé sur son œuvre. Gide, lui, admire infiniment les vers et les proses de Régnier, dont il sait des pages par cœur et dont les réminiscences innervent ses premiers écrits. Il aime surtout « Hertulie » pour les « douloureuses analogies » que ce conte entretient avec sa propre histoire.

Mais le « secret de ressuscité » ramené de Biskra exige de se détacher des modèles trop identificatoires, qui le tirent en arrière, et l’ironie de Paludes, en mettant à distance l’œuvre de Régnier, l’aide à construire la sienne. Ils cohabitent encore au Centaure (1896) et Gide consacre à son étude sur Michelet un article élogieux (1898). Mais les mutations de la maturité révèlent leurs différences et provoquent leur éloignement. L’éreintement de La Double Maîtresse (1900) dans La Revue blanche blesse cruellement Régnier qui, dans une lettre, écrit à Gide son aversion pour L’Immoraliste (1902). Gide tente de corriger le tir dans ses notes sur Les Amants singuliers (1901) et Couleur du temps (1909) et l’invite à collaborer à La NRF. Mais Régnier ne contribue qu’une seule fois (décembre 1909) à cette revue qui juge suspects son « esprit mondain » et son goût pour l’art décoratif. Après la guerre, devenu feuilletoniste du Figaro, il consacre une seule recension à Gide, à l’occasion de La Symphonie pastorale (1920), et ne l’évoque plus ensuite qu’au hasard des essais critiques publiés sur son œuvre. La rupture est définitive et les éditions originales de Régnier figurent parmi les livres sacrifiés au financement de son Voyage au Congo (1925). Mais il retient quatre de ses poèmes dans son Anthologie de la Pléiade (1949).

Pierre Lachasse

Pour en savoir plus...

Bibliographie raisonnée

Besnier Patrick, Henri de Régnier, De Mallarmé à l’Art déco, Fayard, 2015.

Gide André, Régnier Henri de, Correspondance 1891-1911, éd. David J. Niederauer et Heather Franklyn, Presses Universitaires de Lyon, 1997.

Lachasse Pierre, « Régnier et le Groupe de Gide (1898-1912) : l’histoire d’un désamour », Tel qu’en songe / Cahiers Henri de Régnier, n° 2, 2016, p. 17-32.

Paysac Henry de, « Gide et Régnier en Bretagne. », Bulletin des Amis d'André Gide, n°124, octobre 1999, p. 315-328.

Régnier Henri de, Vielé-Griffin Francis, Correspondance (1883-1900), éd. Pierre Lachasse, Honoré Champion, « Bibliothèque des Correspondances », n° 66, 2012.

Il existe une Société des Lecteurs d’Henri de Régnier fondée en 2015, qui dispose d’un site internet et d’une revue annuelle Tel qu’en songe.

Le site du CEG a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide. Il a été réalisé en partenariat avec Martine Sagaert, responsable du site originel andre-gide.fr, créé en 2006 avec des étudiant.e.s de l'I.U.T. des Métiers du Livre de Bordeaux.