Pierre Masson, André Gide et Marcel Proust. À la recherche de l'amitié, Presses Universitaires de Lyon, 2020.
Le 21 novembre 1912, le manuscrit de Marcel Proust, alors connu sous le nom du Temps perdu, est rejeté par La Nouvelle Revue française. Cette décision, dont André Gide endossera la responsabilité, est à l’origine d’une solide réputation d’inimitié entre les deux hommes.
Mais limiter à cette anecdote la relation entre les deux écrivains, c’est méconnaître tout ce que leur correspondance nous enseigne : « Le refus de ce livre restera la plus grave erreur de la N.R.F., et [...] l’un des regrets, des remords, les plus cuisants de ma vie. » Cet aveu de Gide, dans un courrier adressé à Proust plus d’un an après le rejet de son manuscrit, inaugure un dialogue qui se poursuivra jusqu’à la mort de ce dernier. Un dialogue complexe, parfois marqué par des désaccords profonds. Car si leur culte de l’art et leur désir d’affirmer leur sexualité auraient pu les rapprocher, leur vision de la littérature était opposée, et le trop explicite Proust allait devenir suspect aux yeux de Gide, à l’engagement plus raisonné.
C’est l’histoire de cet échange, tantôt passionné, tantôt distant, que Pierre Masson, l’un des plus grands spécialistes d’André Gide, reconstitue dans cet ouvrage.
Pierre Masson, professeur émérite de l’Université de Nantes, est président de l’Association des amis d’André Gide. Outre diverses études, il a édité ou dirigé les quatre derniers volumes des oeuvres de Gide dans la Bibliothèque de la Pléiade, et a publié une dizaine de ses correspondances, dont plusieurs volumes aux Presses universitaires de Lyon.
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