François Bompaire a soutenu sa thèse, « Ironie et communication littéraire à partir de l’œuvre fictionnelle d’André Gide », préparée sous la direction de Didier Alexandre (Sorbonne Université) le 19 juin 2018 à la Maison de la Recherche, à Paris. Le jury, composé également de Paul Demont (Sorbonne Université), de Peter Schnyder (Université de Haute-Alsace), de Pierre Schoenjtes (Université de Gand) et de Jean-Michel Wittmann (Université de Lorraine), lui a décerné la mention Très honorable avec ses félicitations.
Résumé. Face à l’incohérence apparente de la notion d’ironie, cette thèse vise, non à valoriser l’impossibilité de la définir et le protéisme de la notion, mais à construire une définition sur des principes alternatifs : attention aux traits communs plutôt qu’aux variations, aux processus longs qu’à la succession des significations, définition de l’ironie comme acte communicationnel plutôt que comme mécanique formelle. L’ironie, à partir du monde grec, est tenue pour un acte de communication, non réductible à la linguistique pragmatique : comment contrôler la socialisation en contexte dangereux, en se tenant au plus près de l’ennemi? La résolution de ce problème dans l’échange passe par l’invention de formes, dont certaines, antiphrase en tête, s’autonomisent et deviennent des formes fixes, parmi d’autres, de l’ironie. Je m’efforce ensuite de suivre la façon dont se maintient cette définition non formelle en étant attentif, jusqu’au romantisme d’Iéna, à l’analyse de la communication à l’œuvre dans les réflexions sur l’ironie. L’œuvre fictionnelle d’André Gide, déployant une grande variété de formes d’ironie et habitée par le secret, biographique et sexuel, est relue comme remettant en jeu ce contrôle de la socialisation dangereuse et comme déployant, derrière la notion de collaboration, une réflexion sur la communication littéraire. D’autre part, l’œuvre d’André Gide est ressaisie dans la perspective d’une histoire de l’ironie au dix-neuvième siècle. L’antiphrase n’est alors pas centrale : à la figure de Voltaire s’attache l’idée de raillerie de l’idéal, qui constitue un poids sémantique déterminant l’adaptation des différentes traditions ironiques au cadre français.