Un Centre dédié à la recherche sur André Gide

Le Centre d’Études Gidiennes a vocation à coordonner l'activité scientifique autour de Gide, diffuser les informations relatives aux manifestations gidiennes et à rendre visibles et accessibles les études qui lui sont consacrées.
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Stephanie Bertrand Jean-Michel Wittmann
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Vous trouverez en bas de cette page plusieurs ressources critiques en ligne. Elles figurent en couleur.

 

D’origine américaine par son père, gouverneur militaire de la Virginie pendant la guerre de Sécession, Vielé-Griffin n’arrive en Europe qu’en 1872 après le divorce de ses parents, vit en Suisse et en Allemagne et enfin à Paris où sa mère l’inscrit au collège Stanislas (1878). En classe de quatrième, il rencontre Henri de Régnier dont il partage la passion pour la poésie et dont il sera l’ami le plus cher jusqu’à leur mystérieuse rupture de 1900. Dès 1885, ils collaborent ensemble aux revues de l’avant-garde symboliste qui combattent l’esthétique figée du Parnasse et imposent avec Gustave Kahn l’esthétique du vers libre. La fondation des Entretiens politiques et littéraires (1890) leur offre une tribune pour défendre la poésie nouvelle contre les critiques qui la dénaturent et pour en exposer le principe fondé sur la primauté du rythme, le pouvoir de suggestion du langage et le refus de règles métriques imposées. L’œuvre poétique de Vielé- Griffin obéit « à des lois intimes et à une prosodie stricte, quoique personnelle », la pratique du vers libre entraînant un déplacement de l’unité de sens du poème vers la strophe, dite « analytique » parce que conçue comme un ensemble organique. Gide apprécie cette esthétique consciente qui postule la responsabilité de l’artiste, même s’il en nuance la portée dans la huitième « lettre à Angèle ». Il aime aussi cette curiosité devant la vie, rare chez les poètes symbolistes, qui « donne à ses vers une si spéciale saveur ». Dès leurs premières rencontres au banquet Moréas (2 février 1891) et aux mardis de Mallarmé, Gide désire gagner sa sympathie « précieuse et consolatrice » et il lui adresse son « poème de douleur », Les Cahiers d’André Walter. Vielé-Griffin cherche à obtenir sa participation littéraire et financière aux Entretiens qui publient Le Traité du Narcisse en tête de numéro (janvier 1892). Par la suite, l’éloignement provincial de l’un et le nomadisme de l’autre limitent leurs rencontres, mais leurs échanges sont féconds, dominés par une admiration réciproque et des conceptions voisines de la littérature. À leurs yeux, des œuvres comme Les Nourritures terrestres et La Clarté de vie (1897), annexées contre leur gré à la mouvance naturiste, relèvent d’une exigence esthétique commune que scelle dans L’Ermitage la lettre ouverte de Vielé-Griffin qui appelle Gide à diriger leurs consciences (novembre 1898). Le tableau de Théo Van Rysselberghe, Une lecture (1903), où tous deux apparaissent assis au centre, fixe un moment de cette amitié littéraire. Fidèle, Vielé-Griffin publie des articles sur Le Roi Candaule (juin 1901) et L’Immoraliste (septembre 1902) et assure la chronique poétique de L’Ermitage (1905-1906). Mais son œuvre de la maturité, enrichie de mythes chrétiens (L’Amour sacré, 1903) et grecs (La Lumière de Grèce, 1912), déçoit un peu l’attente de Gide. Il lui rend pourtant hommage dans Les Marches du Sud-ouest (1911), sollicite sa collaboration à La NRF, dans laquelle il publie 4 textes (1909-1914), et participe avec lui à la traduction des Œuvres choisies de Whitman (1918).

Pierre Lachasse

Pour en savoir plus...

Bibliographie raisonnée

Gide André, Correspondance avec Francis Vielé-Griffin, éd. Henry de Paysac, Presses Universitaires de Lyon, 1986.

Lachasse Pierre, « Les Entretiens d’Henri de Régnier », Histoires littéraires, n° 62, 2015, p. 9-35.

Paysac Henry de, Francis Vielé-Griffin. Poète symboliste et citoyen américain, Nizet, 1976. 

Régnier Henri de, Vielé-Griffin Francis, Correspondance (1883-1900), éd. Pierre Lachasse, Honoré Champion, « Bibliothèque des Correspondances », n° 66, 2012.

 

Le site du CEG a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide. Il a été réalisé en partenariat avec Martine Sagaert, responsable du site originel andre-gide.fr, créé en 2006 avec des étudiant.e.s de l'I.U.T. des Métiers du Livre de Bordeaux.