Un Centre dédié à la recherche sur André Gide

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Stephanie Bertrand Jean-Michel Wittmann
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Vous trouverez en bas de cette page plusieurs ressources critiques en ligne sur cette oeuvre. Elles figurent en couleur.

 

La comtesse délinquante malgré elle du Treizième Arbre (1931 pour la rédaction, 1935 pour la première publication et la première représentation) n’est pas sans rappeler, par anticipation, le Cidrolin des Fleurs bleues (1965) de Raymond Queneau. Comme lui, elle est coupable du crime même dont elle est la victime : très à cheval sur la morale et les convenances, elle est horrifiée par l’apparition, sur le treizième arbre de l’avenue de son domaine, d’un « dessin obscène ». Qui faut-il rendre coupable de cet attentat graphique à la pudeur ? Nul autre que l’inconscient de la comtesse !

Gide, on l’aura compris, règle ici ses comptes avec Freud, cet « imbécile de génie » (Journal, 1924) pour qui il éprouve une admiration mêlée de mépris. Pour autant, il ne faudrait pas penser que le but de Gide est de prouver l’inanité des idées de Freud : au contraire, même si le personnage du psychanalyste est assez peu sympathique, l’affabulation du Treizième Arbre illustre (très grossièrement, il est vrai) la théorie de l’inconscient. Aussi bien l’ennemi, ici, n’est-il pas tant Freud que le Bourgeois : le vicomte (paradoxale incarnation aristocratique de la bourgeoisie) est ainsi à ce point borné, qu’il confond dans un même mépris tous les « Bolchéviks » – entendez tous ceux qui n’appartiennent pas à la classe dont il est le fort déplaisant représentant.

Bref, quoique, à l’évidence, Le Treizième Arbre ne soit pas le chef-d’œuvre dramatique de Gide, il s’agit malgré tout d’une pièce particulièrement révélatrice, dans la mesure où Gide y aborde, sur le mode comique, deux grandes questions qui tourmentent le siècle : celle de la légitimité de l’entreprise psychanalytique, et celle, plus brûlante encore, de la validité de l’hypothèse communiste.

Quelques précisions « bibliographiques » pour finir : Le Treizième Arbre est écrit en novembre 1931 pour fournir un « lever de rideau » à Œdipe, que Georges Pitoëff est en train de monter au Théâtre de l’Avenue à Paris (la première a lieu le 18 février 1932). Mais la pièce n’emporte pas l’adhésion de son propre auteur – et encore moins celle de Roger Martin du Gard, qui reproche à Gide de s’empresser de rendre publiques ses tentatives les plus médiocres. Gide, par suite, craignant d’affaiblir son Œdipe en lui adjoignant cette « bouffonnerie », décide de ne pas confier Le Treizième Arbre à Pitoëff. La pièce ne sera publiée qu’en avril 1935, dans le no 2 de Mesures (p. 97‑129), la revue de Jean Paulhan et de Henry Church. C’est en mai de la même année que cette « plaisanterie en un acte » sera jouée pour la première fois, à Marseille, par la compagnie de Louis Ducreux, Le Rideau Gris. Elle sera reprise ensuite par Marcel Herrand, qui la donnera au Théâtre Charles-de-Rochefort à Paris en 1939, puis au Théâtre des Mathurins en 1945. Le Treizième Arbre connaîtra par ailleurs plusieurs republications : dans le volume du Théâtre de Gide publié par Gallimard en 1942 (p. 328‑365), puis dans le tome V du Théâtre complet (Neuchâtel, Ides et calendes, 1948, p. 135‑168), et bien sûr dans le tome II de l’édition Pléiade des Romans et récits, œuvres lyriques et dramatiques (2009, p. 797-818).

Augustin Voegele

Bibliographie raisonnée

Dossier de presse

« Dossier de presse du Treizième arbre », en ligne : http://www.gidiana.net/tarbreindex.htm

« Les dossiers de presse des livres d’André Gide : Le Treizième Arbre I », dans Bulletin des Amis d’André Gide, no 152, octobre 2006, p. 717.

« Les dossiers de presse des livres d’André Gide : Le Treizième Arbre II », dans Bulletin des Amis d’André Gide, no 169, janvier 2011, p. 131‑138.

Travaux critiques

Claude, Jean, Gide et le théâtre, t. II, Paris, Gallimard, 1992.

Claude, Jean, « Notice pour Le Treizième Arbre », dans André Gide, Romans et récits, œuvres lyriques et dramatiques, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2009, p. 1334‑1337.

Dessalles, Claude, « Pourquoi Le Treizième Arbre ? », dans Revue des lettres modernes, no 4, 1974, p. 99-103.

Duchêne, Rémi, L’Embarcadère des lettres. Marseille et les écrivains, Paris, Lattès, 2013.

Jadin, Jean-Marie, « Gide et la perversion », dans Toutes les folies ne sont que des messages, Toulouse, Érès, 2005, p. 69‑101.

Léautaud, Paul, « Le Treizième Arbre, d’André Gide (Le Rideau de Paris) », dans La NRF, no 306, mars 1939, p. 492-499.

Legrand, Justine, « Bien-pensants et mal-pensants dans Le Treizième Arbre », dans Bulletin des Amis d’André Gide, no 171, juillet 2011, p. 367‑382.

Mauriac, Claude, Conversations avec André Gide. Le temps immobile [1951], Paris, Albin Michel, 1990, p. 53.

Steel, David, « Gide et Freud », dans Revue d’Histoire Littéraire de la France, vol. 77, no 1, janvier-février 1977, p. 48-74.

Le site du CEG a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Catherine Gide, avec la participation de l’Association des Amis d’André Gide. Il a été réalisé en partenariat avec Martine Sagaert, responsable du site originel andre-gide.fr, créé en 2006 avec des étudiant.e.s de l'I.U.T. des Métiers du Livre de Bordeaux.